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prussienne, d’avoir l’occasion de frapper sur les Parisiens. Aussi fut-il décoré à la fin du siège. C’est lui qui commandait quand, la veille de la capitulation, les mobiles bretons balayèrent la place à coups de fusil. Le 18 mars, il reçut l’ordre de se replier sur Versailles, où il passa le temps de la guerre civile. Rentré dans Paris avec l’armée, il prit une inoubliable revanche.

On sait déjà, on verra encore ce qu’il fit de la prétendue cour martiale qu’il présidait. Ses glorieux services furent récompensés d’une éclatante façon. Un an après, il devenait officier de la Légion d’honneur. C’était un avancement singulièrement rapide. En un an, il franchissait les deux premiers grades de l’ordre.

La commission d’enquête, présidée par M. Daru, a tenu à entendre son témoignage ; ce n’était pas, bien entendu, pour savoir ce qui s’était passé au Châtelet (il n’en fut pas question).

On raconte que M. Vabre, après ces tristes événements fut poursuivi par les hideux souvenirs du massacre, par d’impitoyables hallucinations ; que, retourné dans son pays, à Rodez, il dut le quitter devant l’accueil qui lui fut fait ; qu’ayant été pris à partie par un journal de Toulouse pour ses exploits du Châtelet, il menaça le gouvernement de se défendre et de représenter l’ordre de service qui lui avait été donné à titre de grand prévôt, par M. Thiers. C’est alors qu’il aurait été nommé officier de la Légion d’honneur.

Depuis lors, il fait valoir ses capitaux.

Le colonel Vabre était assisté par des officiers de l’armée. Il résulte notamment d’un des récits qui suivront, que, dans la nuit du 28 au 29, la cour martiale avait été présidée par le capitaine de gendarmerie S******, lequel fut envoyé en Corse aussitôt après les événements. La police semble avoir été mêlée à l’armée dans ce tribu-