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balcon du foyer, qui est très haut, à la foule massée sur la place ; et tous ceux qui ont passé devant le Châtelet partageront nos doutes.

La Patrie dit simplement qu’on regardait les prisonniers sur leur terrasse, comme on regarde les bêtes féroces au Jardin des Plantes.

Le tribunal siégeait dans le foyer, très vaste et assez nu, placé derrière le promenoir. Il jugeait au bruit des clameurs du dehors.

Parmi tous les lieux de massacre qui existaient alors dans Paris, celui-là était l’abattoir central. D’autres étaient établis par le caprice d’un officier supérieur, d’autres par la volonté d’un chef de corps : celui-là semble avoir été voulu, institué par le gouvernement lui-même. M. Vabre, dans les journaux du temps, est appelé le « grand prévôt ». Il serait venu là, d’après un renseignement que j’ai déjà cité, avec un ordre de M. Thiers lui-même. L’autorité civile reconnaissait cet étrange tribunal. M. Ansart y envoyait un homme qu’il voulait faire… juger. La police faisait régulièrement le service du Châtelet. C’est ce qui ressort du procès de la Lanterne (interrogatoire des témoins).

M. Péréal, brigadier-chef de la brigade de sûreté, dépose :

« Je fus envoyé avec trente-cinq hommes au Châtelet. »

Et il avait déjà indiqué quel avait été son rôle : « J’ai vu exécuter Villain. » Donc il conduisait les prisonniers du tribunal au lieu d’exécution, — ce qu’indique du reste cette autre réponse ; « En rentrant au Châtelet j’ai demandé au colonel Favre ou Barre ce qu’un nommé Villain avait fait, etc. »

L’abbé Vidieu assure naïvement que « les jugements de la cour martiale n’étaient prononcés qu’en parfaite con-