Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/274

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partistes ; elle pèse sur le gouvernement, et il faut bien le dire, sur M. Thiers.

Car, partout, au lieu du prétendu entraînement des troupes qu’on n’aurait plus pu tenir dans le feu du combat (c’est l’explication des historiens conservateurs, de M. J. Simon, notamment), nous avons trouvé une volonté arrêtée, des ordres précis, une organisation officielle du massacre. J’ai cité les instructions données avant l’entrée dans Paris, les bruits répandus dans les troupes pour les exciter ; j’ai montré les abattoirs institués suivant des instructions supérieures, et cela, dès le premier jour, au parc Monceau, à l’École militaire ; j’ai présenté le tableau des cours martiales, surtout de celle du Châtelet, établie en vertu d’ordres du gouvernement ; j’ai raconté l’épouvantable massacre de prisonniers fait sous toutes les formes, à partir du lundi 22, par l’armée régulière, d’après des instructions formelles. Et voici la dépêche que M. Thiers adressait aux autorités des départements, pour être affichée dans toute la France, le samedi 27, à 6 heures 10 du soir :

« Le commandant Ségoyer, du 26e bataillon de chasseurs à pied, s’étant trop avancé, a été pris par les scélérats qui défendaient la Bastille, et, sans respect des lois de la guerre, immédiatement fusillé. »

« Sans respect des lois de la guerre », est incomparable sous la plume de l’homme qui avait organisé la cour martiale du Châtelet.

M. Thiers continue :

« Ce fait, du reste, concorde avec la conduite de gens qui incendient nos villes (sic), et qui avaient préparé des liqueurs vénéneuses pour empoisonner nos soldats presque instantanément. »