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attisant les incendies avec un jet de pétrole. Mais avant même que les incendies aient été allumés, les journaux de Versailles signalent des convois de pompiers prisonniers. On les arrêtait donc pour des motifs différents de ces soupçons.

Voici ce qui se passa quand les troupes arrivèrent à la caserne de Reuilly.

Le capitaine des pompiers qui y étaient logés, M. C***, leur lieutenant, M. L***, avaient été à Versailles et arrivaient avec l’armée. Je trouve les détails qui suivent dans trois lettres parfaitement concordantes, adressées de 1871 en 1872, à la veuve d’un des fusillés, pour qu’elle pût faire constater judiciairement la mort de son mari. Ces lettres, que j’ai sous les yeux, sont signées par trois des pompiers qui furent épargnés, et il faut croire qu’ils n’étaient guère coupables, car ils étaient libres peu après.

Le samedi 27, une troupe de ligne arriva à la caserne, 24, boulevard de Reuilly, avec les deux officiers de pompiers passés à Versailles, le capitaine C*** et le lieutenant L***. La troupe cerna la caserne : puis le capitaine C*** fit sonner au feu. Étrange façon de faire sortir les pompiers pour les livrer au supplice en employant la sonnerie qui les appelle à leur devoir de dévouement intrépide ! — Les hommes descendirent aussitôt dans la cour, le capitaine C*** les fit mettre sur deux rangs, passa devant eux, et en fit sortir dix-sept.

Le sergent-major de la compagnie prit leur nom. Le capitaine C*** les remit à l’officier de ligne, qui les conduisit à la prison de Mazas. Il les remit à son tour à un capitaine du 75e de ligne, de service à la prison, prit un reçu de ces dix-sept prisonniers, et donna une liste des prisonniers, avec les indications nécessaires pour chaque nom, liste dressée par le capitaine C***.