Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/415

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nal révolutionnaire d’Orange, les 150 condamnés de Lebon à Arras. Cela fait en tout 6,300 environ. Mettons un chiffre énormément exagéré, 2,000 si l’on veut, pour le reste. Additionnons ce nombre avec les 4,000 de Paris. À quoi arrivons nous ? À douze mille au plus, pour toute la Révolution, dans toute la France. Un peu plus du tiers de la seule semaine de Mai dans Paris ! Et cinq mille de moins encore, que le chiffre, avoué par les fusilleurs, de 17,000 victimes !

Ainsi, deux ans d’incomparables tempêtes, la lutte pour la patrie et pour la liberté, pour l’enfantement de la France moderne, pour le salut de la France éternelle, la guerre aveugle contre la trahison cachée partout, de connivence avec les envahisseurs, toutes les convulsions de la misère, de la faim, de l’angoisse, la répression surhumaine de je ne sais combien d’insurrections, l’unité nationale maintenue par un miracle d’énergie, les représailles de la guerre sauvage des chouans, tout ce qu’il y a eu de tragique et d’épouvantable dans la plus terrible époque de notre histoire…, tout cela fit verser deux ou trois fois moins de sang que le « rétablissement de l’ordre » dans Paris en 1871.

Et pourtant, quelle légende a laissée la Terreur révolutionnaire ! L’égalité est donc une chimère, même devant l’histoire !

Pour trouver mieux que le massacre de 1871, il faut aller dans les pays où le catholicisme a été vraiment le maître ; dans l’Espagne du seizième siècle, longuement dépeuplée par l’Inquisition ; dans l’Autriche du dix-septième siècle, longuement dévastée par les jésuites.