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LXVII

CONCLUSION

De si affreux malheurs doivent porter leur enseignement. Le premier de tous, — et c’est là ce qui nous a mis la plume à la main, ce qui nous a donné le courage de surmonter la répulsion des fouilles terribles que nous avons faites dans le charnier de Mai, — le premier de tous, c’est l’exécration de la guerre civile, c’est la nécessité impérieuse d’en effacer les traces et d’en propager la haine. Nous avons entendu des hommes, peu nombreux il est vrai, parler d’appel à la force, invoquer la suprême raison du fusil : la force, voilà ses œuvres ; le fusil, voilà ses triomphes.

« L’histoire des rois, disait un orateur de la Révolution, est le martyrologe des peuples. » Et que faudra-t-il dire de l’histoire des guerres civiles ? Pour quelques victoires, le plus souvent à demi confisquées, que de boucheries suivies d’épouvantables reculs ! En quel temps la Force et le Massacre n’ont-ils pas été les plus puissants alliés des réactions ? Est-ce la Raison, est-ce la Justice, est-ce le Progrès qui peuvent profiter des habitudes violentes qu’ils répandent dans les esprits, du despotisme de terreur qu’ils établissent, de l’affaiblissement qu’ils produisent dans une nation ?

Aussi, combien de fois la réaction a jeté à dessein le peuple dans la rue, et lui a mis le fusil aux mains pour le décimer après ! Lisez l’histoire du soulèvement de Lyon et de la rue Transnonain ; lisez l’histoire des