Page:Pelletan - Le Comité central et la Commune.djvu/19

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jours plus tard, les statuts établissaient une procédure minutieuse pour le choix des candidats qu’on recommanderait aux électeurs.

Étaient-ce là des prétextes pour dissimuler les préparatifs d’une insurrection ? On pourrait le croire si les fondateurs du comité avaient joué un rôle au 18 Mars ou dans les temps qui ont suivi ; mais ils disparaissent presque tous, peu après le 15 février ; un seul d’entre eux, Arnold, faisait encore partie du comité le mois suivant; ils sont qualifiés de « réactionnaires » dans les procès-verbaux de l’Internationale ; et si l’on cherchait ce que sont devenus les hommes qui ont créé une institution si révolutionnaire, on serait bien surpris de rencontrer dans leurs rangs les esprits les plus doux, les plus inoffensifs, les plus étrangers au mouvement. Un autre personnel a pris leur place, quand l’association fondée par eux a joué le rôle qu’on lui connaît. Il est donc impossible de trouver, dans les fondateurs du comité central, ni un groupe directeur, ni un dessein arrêté.

Cependant, les événements se pressaient. La signature du traité, l’entrée des Prussiens, les premiers exploits de la majorité cléricale et royaliste de Bordeaux, donnaient la fièvre à Paris tout entier. Le commandement militaire manquait de prestige et d’autorité. Le choix de chefs connus pour leur énergie au 2 Décembre, et pour leur inactivité pendant la guerre, faisait redouter un coup d’État et achevait de compromettre le pouvoir légal ; car ils étaient, tout ensemble, une menace et une faiblesse ; avec eux, on pouvait à la fois tout craindre et tout oser. Alors se produisit une anarchie, que celle de la Commune, le mois suivant égalait à peine.