Page:Pelletan - Le Comité central et la Commune.djvu/190

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Paris ne s’expose pas à de tels dangers, la résistance est impossible, la France n’a plus d’armées, rendons-nous » ! Qu’enfin il arrivât ce que prévoyait ce naïf pacificateur qui, dans une lettre rendue publique, disait : « Paris sera ignoble, cela m’écœurerait, je vais passer le temps du siège au bord de la mer, » en face de ce parti de la lâcheté qui aurait été si nombreux, le gouvernement était obligé de capituler au bout d’un mois. Je défie qu’on me dise qu’après cette honte, qui nous eût coûté assurément Belfort, et peut-être plus, — qui nous eût tué toute résistance, car la province n’a pu s’organiser que plus tard, — qui enfin eût été la mort de la France ; — je défie qu’on me dise qu’après cela, Paris déshonoré, mais bien portant, eût eu cette convulsion maladive qui s’appelle la Commune.

Plus de fièvre, plus de surexcitation, plus de folie, plus d’assemblée royaliste, plus d’insurrection, plus de déportations ni de fusillades. Tous les pères de famille, tous les ouvriers, honnêtes et tranquilles jusqu’au 18 Mars, qui vivent dans l’exil, ou aux antipodes, dans une enceinte fortifiée ou dans un bagne, tous ceux qui dorment sous les pavés des rues, dans les fosses communes de la guerre civile, vivraient, nourriraient les leurs, jouiraient du soleil de la patrie, s’ils avaient été lâches devant l’invasion.

Supposez Rossel, à Metz, se disant : « Bah ! la capitulation de Metz après tout, c’est quelques mois d’internement en Allemagne ; songeons à notre avancement : » Rossel serait commandant ou lieutenant-colonel.

Aujourd’hui, huit ans se sont écoulés — « Grande humanæ vitæ spatium ». — Les fièvres de nos désastres