Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/40

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donnent la main pour l’aider à marcher, mais ils l’aiment du même amour que la Providence, et en elle et par elle ils aiment l’humanité, ils aiment la cause du pauvre, ils inclinent leur cœur, vers le souffrant, et ils voudraient de toutes les gouttes de leur sang le relever de son lit de douleur, rompre avec lui le pain du corps, le pain de l’esprit, verser la lumière sur chaque front, le droit dans chaque conscience, et faire de la société tout entière une seule famille, diverse assurément par l’aptitude et la fonction, mais partout marquée au signe de l’intelligence et de la justice. Voilà pourquoi tous, sans exception, ont dressé leur tente dans le camp de la démocratie. Ils pourraient sans doute, comme leurs voisins, marchander avec le passé, tirer parti du préjugé régnant, parader sur l’almanach officiel, porter ceci ou cela en sautoir ou à la boutonnière ; mais non, rejetés l’écart, fiers de leur isolement, ils préparent en toute abnégation le bien d’une génération qui ne les connaîtra pas, car ils dormiront depuis longtemps sous l’herbe, avant que ce germe de bien ait levé, semeurs désintéressés qui sèment pour que d’autres récoltent la moisson.

Vous avez ici les hommes qui nient, et là les hommes qui affirment le progrès. Appliquez-leur aux uns et aux autres la règle de l’Évangile ; jugez leurs doctrines à leurs fruits car tout autre jugement est trompeur. Eh bien ! la doctrine de négation ne porte que des fruits de mort, tandis que la doctrine de progrès ne