Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/41

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porte que des fruits de vie. Et cependant, c’est contre nous, fidèles dévoués de cette religion de l’humanité, nous qui voulons ce que vous voulez en politique, qui marchons de votre pas, qui servons à votre suite, parce qu’un jour nous avons vu sur votre tête la colonne de feu en marche vers l’horizon ; contre nous, les vôtres, à travers tout, par notre croyance, sachez-le bien, et au nom de notre croyance, que vous vous retournez, avec un sourire de compassion, et que vous nous renvoyez, nous et nos idées, à la région des fantômes.

Oh ! je sais bien que vous ne donnez pas raison pour cela à nos adversaires communs, et que, pour leur emprunter une page de leur théologie, vous n’allez pas reposer votre tête sur la pierre du passé. Entre eux et nous, vous prenez une position mixte, et vous posez la théorie du progrès relatif. Progrès relatif ! c’est bien peu en conscience. C’est une planche trop courte pour atteindre l’autre bord du fleuve. Cela flotte trop au caprice du courant. L’humanité a besoin pour passer l’abîme d’un pont d’une seule arche dont la courbe harmonieuse porte sur l’une et l’autre rive à la fois.

Le progrès ne peut exister qu’à la condition d’être une loi de la société. Or, une loi faite pour agir toujours, agit toujours, sans intermittence et sans contradiction ; mais le progrès relatif est un problème réservé. Nous y reviendrons bientôt, et nous verrons si un pareil système est un poste tenable pour l’humanité.

Jusqu’à présent j’ai raisonné dans votre hypothèse