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la femme en lutte pour ses droits

sappointé. Certes l’empereur ordonnait des réjouissances à chaque naissance ; mais c’était l’heureuse délivrance de la souveraine que lui et sa nation entendaient célébrer et non le résultat de cette délivrance ; ce résultat étant en effet, pour lui comme pour tous, un échec. Enfin un garçon naquit ; une joie sans mélange envahit alors tous les cœurs ; les fêtes furent splendides ; le but était atteint.

Le but c’est donc le mâle ; et, si la valeur des filles n’est pas absolument nulle, cela tient uniquement à ce que leur concours est indispensable à la procréation de ce mâle. L’homme existe pour lui-même, mais l’existence de la femme n’a de raison d’être qu’en vue de l’homme.

Dès que l’enfant est capable de comprendre, il reçoit de ses parents et du milieu social tout entier son sexe psychologique. La mère qui tient dans ses bras le bébé répond sans hésiter : « C’est un garçon » ou bien avec une nuance d’excuse : « Non, c’est une fille ». Dès que la petite fille commence à marcher seule, la mère réprime en elle toute velléité d’expansion en lui donnant pour raison unique son sexe : « Ne saute pas ainsi, garçon manqué. » J’ai connu une enfant de six ans qui, à ce régime, avait acquis déjà les manières compas-