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la femme en lutte pour ses droits

sées d’une demoiselle. Elle marchait d’un air posé, s’asseyait avec précaution pour éviter de froisser sa robe ; de sa sœur, un bébé de dix-huit mois qui, couchée sur un tapis s’amusait à lever les jambes… sans aucune retenue, elle disait : « Germaine, voyez-vous, ce n’est pas une fille, c’est un vrai garçon. »

Lorsque frères et sœurs se querellent, les parents donnent presque toujours raison à l’enfant mâle ; parfois même avec la plus criante injustice. Le frère se montre-t-il autoritaire et dur, la mère fait entendre à sa fille que cela est naturel ; «… les hommes sont tous ainsi » ; mais que la sœur ait seulement la velléité de défendre sa personnalité contre les entreprises de son frère, alors elle encourt blâmes et sévices ; la mère lui prédit une vie entière de malheurs en punition de ce qu’elle appelle son « entêtement » : « Tu ne veux pas céder, tu seras malheureuse plus tard. Qu’arriverait-il, si je ne cédais pas à ton père ? »

Dans la petite bourgeoisie et dans la classe pauvre, la petite fille est la servante du petit garçon. Tandis que ce dernier reste à lire ou à jouer, la fillette sert et dessert la table, aide la mère à faire la cuisine, raccommode le linge ; nettoie le parquet ; souvent même