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et de renoncer aux grâces de leur sexe, car ce qu’ils veulent s’est uniquement les faire échouer. Pourquoi, d’ailleurs la vulgarité, dans la pensée et dans l’expression serait-elle moins laide chez un homme que chez une femme. Pour l’un comme pour l’autre sexe, il n’y a qu’une façon d’être bien élevée, comme il n’y a qu’une morale. Ne pas craindre d’affirmer courageusement son opinion, propager ce qu’on croit vrai par tous les moyens ; se dévouer à transformer en réalités sociales les idées de son esprit est beau dans un sexe comme dans l’autre, et d’autant plus que les individus qui en sont capables sont fort rares dans l’humanité.

Mais il ne suffit pas de savoir vouloir ; il faut aussi savoir ce que l’on veut et le vouloir une fois pour toutes. À mon avis, le féminisme doit écarter sans restriction de son programme, tout ce qui tend à faire à la femme une place spéciale dans la société, même alors que cette place paraîtrait lui constituer un avantage ; car les hommes auraient vite fait d’enlever à la situation occupée par le sexe féminin toute importance sociale. Le matriarcat peut à l’occasion servir d’argument contre ceux qui se prévalent de la condition subordonnée des femmes dans les temps pas-