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en russie communiste

énigmatiques : « C’est ici la maison de la mort ! » ou bien : « Les communistes, on les tue ». Je ne m’y arrête pas, sans doute fait-elle allusion à des événements révolutionnaires récents.

La journée est mortellement lente. Le « dictateur » évoque son passé, non les heures de son pouvoir éphémère, mais le temps plus paisible où il s’instruisait dans les universités populaires d’Italie. Il se rappelle avec attendrissement le professeur qui s’était intéressé à lui et auquel il doit le peu de français qu’il sait.

« Ah ! fait-il, si j’avais continué dans cette voie, je ne serai pas ici. »

J’essaie de lui faire reprendre courage en lui disant que si la vie de militant comporte parfois des dangers, elle est une source d’émotions que l’on ne trouve qu’en elle.

L’autre Italien lui, ne s’en fait pas ; il a fait la guerre à Tripoli et en Autriche. Il en a vu de toutes les couleurs et a appris à prendre le temps comme il vient. Il trompe son ennui en apprenant aux enfants des tours d’escamotage.

Voilà la troisième nuit. La femme me prépare un lit en rapprochant des chaises de bois, elle dispose dessus deux oreillers. Pour couverture, j’aurai son manteau d’hiver. Je suis effroyablement mal, mais ma fatigue est telle que je parviens à dormir là quelques heures.

Le lendemain, vers le soir, on signale une des-