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ET DE MORALE CONTEMPORAINES

seigner, semble dès maintenant résolue. Fallait-il, dans toutes les Universités du peuple, organiser les programmes et les méthodes d’après un patron uniforme ? Le fondateur de la première, la Coopération des Idées, avait souhaité qu’elle fût l’Université-mère, une sorte de type selon lequel les autres Universités eussent à se façonner. Mais celles-ci, n’acceptant point de tutelle, affirmèrent leur autonomie et prétendirent avoir chacune sa personnalité libre et distincte. Sur la centralisation a donc prévalu un système fédéraliste, en vertu duquel les diverses Universités, liées entre elles par leur dévouement à la tâche commune, sont indépendantes l’une de l’autre. Et c’est, je crois, fort bien fait. Chaque milieu crée ainsi de lui-même la forme d’Université populaire qui s’accorde le mieux avec ses besoins, et chaque groupe s’intéresse davantage à son œuvre propre.

Les initiateurs du mouvement avaient eu, à l’origine, de très hautes visées ; il faut en rabattre. Leur programme était une vraie encyclopédie. « Notre enseignement, déclare la Coopération des Idées, comportera toutes les branches du savoir physique, biologique et sociologique ; astrologie, cosmologie, géographie, anthropologie, ethnologie, physiologie, hygiène, psychiatrie, psychologie, linguistique, logique, esthétique, démographie, droit, pédagogie, philosophie de l’histoire, criminologie, philosophie, éthique », etc., etc. Il y avait dans un tel étalage quelque pédanterie, osons le dire, et beaucoup d’illusion. Comment donner tant de cours ? Les maîtres, d’abord, feraient défaut. Et puis, beaucoup de ces cours, qui ne répondent à aucun besoin vraiment populaire, ne sauraient avoir d’auditeurs. Sans parler des visites