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ÉTUDES DE LITTÉRATURE

dans les musées, des représentations dramatiques et des auditions musicales, on ne peut attirer et retenir un auditoire d’ouvriers que par les sciences qui touchent à leur vie et à ses conditions, soit matérielles, soit morales : l’économie politique, entre autres, l’histoire moderne, l’hygiène domestique et industrielle, etc. Partout où le peuple a pris la direction des Universités, ce sont ces sciences-là dont l’enseignement a prévalu. Sachons-le bien, il ne s’agit pas tant, pour un auditoire ouvrier, de haute culture désintéressée et spéculative que de ce qui concerne l’existence pratique et l’action sociale.

Faut-il considérer l’enseignement des Universités populaires comme ayant en lui-même sa fin ? Non ; la tâche qui s’impose est moins d’instruire que d’« éduquer. » Au reste, l’enseignement proprement dit, un enseignement régulier et méthodique, ne peut être donné par l’Université populaire, car les maîtres et les auditeurs y varient trop. C’est plutôt l’affaire de Cours dans le genre de ceux qui furent établis en 1888 à l’Hôtel de Ville ; les Cours de l’Hôtel de Ville ne donnèrent pas, il est vrai, faute de ressources suffisantes, tous les résultats qu’on en attendait ; mais l’ancien Conseil municipal en avait projeté la réorganisation et le développement, lorsque celui de 1900 les supprima. C’est aussi l’affaire d’une autre œuvre, tentée il y a sept ou huit ans, et qui fît d’abord naître beaucoup d’espérances ; je veux parler de l’Extension universitaire. Très florissante chez les Anglais, dont les Universités sont richement pourvues, elle pourrait avoir en France le même succès, si nos Universités avaient assez de fonds pour rétribuer, comme outre-Manche, des professeurs itinérants.