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ÉTUDES DE LITTÉRATURE

tant de gens la faiblesse d’esprit et la servilité d’âme qui leur font accepter des croyances toutes passives. Mais respecter une opinion fausse parce qu’elle est sincère, quoi de plus absurde ? Cette sincérité appartient à l’homme, non à l’opinion. L’opinion en elle-même n’est ni sincère, ni insincère, elle est fausse ou vraie. Vraie, nous la respecterons. Ce n’est pas assez dire : nous devons l’affirmer, la répandre, lutter pour elle. Fausse, combattons-la sans aucun « respect, » sans merci. Il faut l’extirper.

Certains veulent que l’Université populaire s’interdise la politique. Entendons-nous. La politique d’au jour le jour, oui ; celle qui met en cause les personnes, qui se traduit par des discussions irritantes et sans portée. Cette politique-là, rien ne serait plus fâcheux que de l’introduire dans l’Université populaire. « Du jour où une Université populaire quelconque s’occupera de politique, disait, en 1900, M. Ch. Guieysse, c’est sa mort qu’elle décrétera. » Je le crois comme lui ; et, déjà, certains faits en témoignent.

Mais il s’agit là de politique militante. Quelques mois après, le même M. Guieysse écrivait ceci : « Dans plusieurs Universités populaires, l’on insiste continuellement sur la nécessité de ne point faire de politique. Une telle insistance effraie un peu ; elle semble dénoter le désir de fonder un parti nouveau qui se désintéresserait de l’action sociale… Ne dirait-on pas que l’Université populaire, étant un milieu d’amour et d’union, suffit pour le bonheur des ouvriers ? » Entre ces deux déclarations, rien de contradictoire. Bannir la politique militante, ce n’est pas exclure le débat des questions politiques.

M. Pellisson, dans son rapport, cite des Universités