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ET DE MORALE CONTEMPORAINES

tholicisme est à chaque page souillée de crimes affreux. On peut sans doute en accuser la méchanceté humaine. Mais, si le fanatisme la provoque et l’irrite, comment s’étonner que Voltaire attaque les dogmes funestes où ce fanatisme trouve son aliment ?

Est-ce donc attaquer la religion ? Ce n’est pas même attaquer le christianisme. Des sectes chrétiennes qu’il répudie toutes, parce que toutes ont été plus ou moins fanatiques, Voltaire a soin de distinguer le christianisme véritable. Il oppose Jésus aux docteurs, aux prêtres, aux théologiens, il lui rend hommage pour son zèle et sa vertu, son amour de l’égalité fraternelle. Il combat le faux christianisme en s’appuyant sur le vrai. « Je me flatte, dit-il, de démontrer que Jésus n’était pas chrétien, qu’il aurait condamné avec horreur notre christianisme. » Écraser l’infâme c’est, il le déclare à d’Alembert, « établir le royaume du Christ. » Et ailleurs, voici sa profession : « Je suis chrétien comme l’était Jésus, dont on a changé la doctrine céleste en doctrine infernale. »

Dans un article du Dictionnaire philosophique, l’article Religion, Voltaire raconte que le même génie qui lui avait apparu naguère, le transporta, une nuit, d’abord en un désert où étaient entassés, ici, les ossements des victimes du fanatisme, là, d’innombrables sacs d’or et d’argent, renfermant « la substance des hérétiques » massacrés, — ensuite, parmi les héros de l’humanité, les vrais héros, non point les conquérant, mais, comme il dit, les bienfaiteurs de la terre. Après avoir conversé avec Numa, Zoroastre, Socrate, il aperçoit Jésus. « Je vis un homme d’une figure douce et simple, qui me parut âgé d’environ trente-cinq ans. Je fus étonné de lui trouver les pieds enflés et san-