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ET DE MORALE CONTEMPORAINES

dans la pauvreté et dans la bassesse : ma grandeur n’était que dans la vertu. »

Je le conjurai de m’apprendre en quoi consistait la vraie religion.

« Ne vous l’ai-je pas déjà dit ? Aimez Dieu, et votre prochain comme vous-même. »

Quoi ! en aimant Dieu on pourrait manger gras le vendredi ?

« J’ai toujours mangé ce qu’on m’a donné ; car j’étais trop pauvre pour donner à dîner à personne. »

En aimant Dieu, en étant juste, ne pourrait-on pas être assez prudent pour ne point confier toutes les aventures de sa vie à un inconnu ?

« C’est ainsi que j’en ai toujours usé. »

Ne pourrais-je, en faisant du bien, me dispenser d’aller en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle ?

« Je n’ai jamais été dans ce pays-là. »

Faudrait-il me confiner dans une retraite avec des sots ?

« Pour moi, j’ai toujours fait de petits voyages de ville en ville. »

Me faudrait-il prendre parti pour l’Église grecque ou pour la latine ?

« Je ne fis aucune différence entre le Juif et le Samaritain quand je fus au monde. »

Eh bien, s’il est ainsi, je vous prends pour mon seul maître.

Alors il me fit un signe de tête qui me remplit de consolation. La vision disparut, et la bonne conscience me resta. »

Quel est donc ce christianisme véritable dont Voltaire se réclame ? Rien d’autre que la religion naturelle. Mais qu’est-ce que la religion naturelle ? À vrai dire,