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LIVRE VIII, § XXXI.

éclat de voix ; avoir un langage parfaitement sain et mesuré[1].

XXXI

Vois la cour d’Auguste[2], sa femme, sa fille, ses ascendants, ses descendants, sa sœur, Agrippa, ses parents, ses familiers, ses amis, Aréus, Mécène, ses médecins, ses sacrificateurs ; toute cette cour est morte. Passe à d’autres, si tu le veux, et ne te borne pas à considérer la fin d’un seul individu ; regarde la fin de tous les membres d’une famille[3], de la famille de Pompée[4] par exemple. Puis, souviens-toi de cette inscription qu’on lit sur tant de tombeaux : « Ci-gît le dernier[5] de sa

    lence, ni dans aucun lieu, ni à qui que ce soit. Mais, pour se régler avec tant de sagesse, il faut être complètement maître de son humeur ; et cette égalité de caractère, qui est un signe de grande politesse, ne s’obtient que par l’éducation et une discipline constante.

  1. Sain et mesuré. Il n’y a que le premier mot dans le texte.
  2. Vois la cour d’Auguste. Marc-Aurèle cite, en particulier, la cour d’Auguste, parce qu’elle était fort nombreuse, comme le prouve l’énumération seule qu’il en fait. L’exemple n’en est que plus frappant ; mais il le serait encore pour une société ou une famille plus restreinte.
  3. La fin de tous les membres d’une famille. La réflexion est triste ; mais elle est la vérité même.
  4. La famille de Pompée. Elle ne paraît pas avoir été aussi nombreuse que celle de César et d’Auguste.
  5. Le dernier de sa race. Que d’exemples du même genre on rencontrerait dans nos cimetières !