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LIVRE XI


I

Voici les facultés propres de l’âme raisonnable[1] : elle se voit elle-même ; elle s’analyse ; elle fait d’elle ce qu’elle veut ; elle cueille le fruit qu’elle porte, tandis que les fruits des plantes ou les produits analogues des animaux sont recueillis par des mains étrangères ; enfin l’âme atteint toujours le but qu’elle poursuivait, à quelque moment que survienne la fin de l’existence. À cet égard, il n’en est pas pour elle comme il en est de la danse, comme il en est d’une pièce de théâtre[2] et de représentations pareilles, où le moindre détail qui vient à manquer suffit pour déranger tout l’ensemble. L’âme, au contraire, dans une partie quelconque de temps, et en quelque lieu

  1. Voici les facultés propres de l’âme raisonnable. La psychologie moderne n’a rien à ajouter à cette analyse de l’âme ; les traits en sont un peu généraux, mais ils sont d’une justesse profonde. Marc-Aurèle ne fait, d’ailleurs, que résumer les doctrines antérieures, et particulièrement la doctrine platonicienne.
  2. D’une pièce de théâtre. Voir plus loin, liv. XII, § 36.