Page:Percier, Fontaine - Recueil de décorations intérieures, 1812.djvu/17

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L’habitude de voir une multitude d’objets d’art faits par une routine ouvrière, produits par des patrons, par des moules, jette promptement le discrédit sur le genre même. On ne se donne plus la peine de distinguer le travail original du goût d’avec le travail servile de la routine. Une défaveur universelle condamne bientôt à l’oubli les meilleures inventions, et l’artiste le plus éclairé, entraîné lui-même par ce sentiment, craindra d’être taxé de stérilité, s’il reproduit dans ses ouvrages des compositions dont tous les yeux sont fatigués.

Cependant on se flatterait en vain de trouver des formes préférables à celles que les anciens nous ont transmises, tant dans les arts du génie que dans ceux de la décoration et de l’industrie. Ce n’est pas qu’on doive toujours attribuer leur supériorité dans chaque genre à la puissance de l’imagination ou du talent. Il nous paraît que dans un grand nombre de parties on voit régner chez eux le pouvoir de la raison, et la raison est plus qu’on ne pense le génie de l’architecture, de l’ornement et de l’ameublement. La raison est aussi ce qui tient lieu de nature à ces arts. Suivre la nature dans cette multitude d’objets qu’on comprend sous le nom d’ameublement, c’est savoir suivre avec les ordres du besoin les inspirations du plaisir ; c’est faire que le nécessaire ne soit jamais sacrifié à l’agréable, qu’il devienne même agréable, sans qu’on aperçoive la prétention à le devenir. La nature, c’est-à-dire le vrai modèle de chaque objet, de chaque meuble, de chaque ustensile est pour l’artiste cette raison d’utilité, de commodité qu’enseigne son emploi. Entre toutes les façons d’un siège, par exemple, il en est qui sont dictées par la forme de notre