Page:Percier, Fontaine - Recueil de décorations intérieures, 1812.djvu/6

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nous avons puisés dans l’antiquité, et que nous croyons liés, quoique par une chaîne moins aperçue à ces lois générales du vrai, du simple, du beau, qui devraient régir éternellement toutes les productions du règne de l’imitation.

La théorie du goût ne saurait séparer dans cet empire les plus légers produits de l’art de ses plus vastes ouvrages. Un nœud commun les rassemble. Une active et réciproque influence s’exerce entre eux. Quelle que soit la manière d’imiter et de faire qui domine dans un temps ou dans un pays, l’œil éclairé du connaisseur en distingue, en suit l’effet et les conséquences dans les plus grandes entreprises de l’art de peindre, de sculpter et de bâtir, comme dans les moindres œuvres des arts industriels, qui se mêlent à tous les besoins et à toutes les jouissances de l’état social.

Qui est-ce qui ne distingue pas la direction de l’esprit et du goût de chaque période par les détails des ustensiles domestiques, des objets de luxe ou de nécessité auxquels involontairement l’ouvrier donna l’empreinte des formes, des contours et des types en usage de son temps ? Ne comptons nous pas les générations, si l’on peut dire, par les formes des tables, des chaises, des meubles, des tapisseries ? Le génie de Raphaël ne se fait-il pas remarquer dans tous les objets d’ornement qui reçurent son influence ? Quel amateur ne paie pas chèrement tous ces restes épars du goût du XVIe siècle, ce siècle qui, après une longue stérilité parut-être une sorte de rejet de l’antiquité, et que les siècles suivants, malgré tous les efforts de l’esprit novateur, ont égalé d’autant moins, qu’ils ont cru l’avoir surpassé ? Trois ou quatre périodes de goût, de manière et de style, se