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Page:Pere De Smet.djvu/38

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tout neuf, et principalement par notre confiance dans la providence de Celui qui n’abandonne jamais les siens ».

Le 2 août au soir, on aborda à l’île de Texel. Les jeunes missionnaires reçurent l’hospitalité dans une maison catholique, désignée à l’avance par leurs amis d’Amsterdam.

Ce fut à Texel que l’abbé Nerinckx rejoignit ses compagnons. Pour écarter les soupçons, il avait pris une route différente, et il descendit dans une autre maison.

Le moment n’était pas venu de lever l’incognito. Des lettres apprirent aux fugitifs que des policiers venaient d’être envoyés à leur poursuite, avec ordre de les arrêter et de leur ôter tout moyen de continuer leur voyage.

Ils durent trouver longs les douze jours qu’ils passèrent à Texel, attendant l’arrivée du vaisseau qui les conduirait en Amérique. Toutefois, les lettres de Pierre De Smet ne trahissent aucune inquiétude.

« Dieu soit loué ! écrit-il à son père. Nous sommes tous arrivés en bonne santé à Texel. Déjà nous avons navigué avec succès sur le Zuiderzee, et nous espérons débarquer heureusement à Philadelphie. Impossible de vous dire le plaisir que nous avons eu pendant ce voyage. La nuit, les vagues roulaient en mugissant sur le pont du navire, et les pièces de notre vaisselle s’entre-choquaient comme les cloches du carillon de Termonde ; mais cela ne m’a pas empêché de dormir comme un loir et de chanter, le matin, comme un jeune rossignol… Il m’arrive bien, parfois, de verser quelques larmes ; mais Dieu, le consolateur suprême, les fait cesser en me faisant entrevoir la récompense. « C’est moi qui vous ai appelés », dit-il. Qui oserait résister à sa voix ?…