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la guerre des boutons


se rétablir, commença par dégringoler de son chêne, de pas très haut heureusement, et sur ses pattes encore. C’était la revanche de Touegueule : il s’y devait attendre, mais il pensait que l’autre s’attaquerait lui aussi à une branche de son « assetotte ». N’empêche que sitôt remonté il vérifia soigneusement la solidité de chacune d’elles avant de s’installer ; d’ailleurs il allait redescendre pour prendre part à l’assaut et au corps à corps, et s’il pinçait Touegueule il ne manquerait pas de lui faire payer cette petite tournée-là.

À part ceci, ce fut une bataille franche.

Quand chacun des camps en présence eut épuisé sa réserve de cailloux, les guerriers s’avancèrent résolument de part et d’autre, les armes à la main, pour se cogner en toute conscience.

Les Velrans avançaient en coin, les Longevernes en trois petits groupes : au centre Lebrac, à droite Camus, à gauche Grangibus.

Pas un ne disait mot. Ils avançaient au pas, lentement, comme des chats qui se guettent, les sourcils froncés, les yeux terribles, les fronts plissés, les gueules tordues, les dents serrées, les poings raidis sur le gourdin, les sabres ou les lances.

Et la distance diminuait et, au fur et à mesure, les pas se rapetissaient encore ; les trois groupes de Longeverne se concentraient sur la masse triangulaire de Velrans.