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la guerre des boutons


de leur perte, cherchèrent eux aussi leur salut dans la fuite, mais pas assez vite cependant pour que Touegueule, Migue la Lune et quatre autres ne fussent bel et bien enveloppés, chipés, empoignés et emmenés tout vifs au camp du Gros Buisson, à grand renfort de coups de pied au cul.

Ce fut vraiment une belle journée.

La Marie, prévenue, était à la cabane. Gambette y conduisit Boulot pour le faire panser. Lui-même prit une casserole et fila dare dare à la source la plus proche puiser de l’eau fraîche pour laver le pif endommagé de son vaillant compaing, tandis que, durant ce temps, les vainqueurs désustentaient leurs prisonniers des objets divers encombrant leurs poches et tranchaient impitoyablement tous les boutons.

Ils y passèrent chacun à son tour. Ce fut Touegueule qui eut les honneurs de la soirée ; Camus le soigna particulièrement, n’omit point de lui confisquer sa fronde et l’obligea à rester à cul nu devant tout le monde, jusqu’à la fin de l’exécution.

Les quatre autres, qui n’avaient pas encore été pincés, furent échenillés à leur tour simplement, froidement, sans barbarie inutile.

On avait réservé Migue la Lune pour le dernier, pour la bonne bouche, comme on disait. N’avait-il pas dernièrement porté une griffe sacrilège sur le général après l’avoir fait trébucher traîtreusement ! Oui,