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la guerre des boutons


c’était ce pleurnicheur, ce « jean-grognard », cette « mort aux rats » qui avait osé frapper d’une baguette les fesses d’un guerrier désarmé qu’il était bien incapable de prendre. La réciproque s’imposait. Il serait fessé d’importance. Mais une odeur caractéristique émanait de sa personne, une odeur insupportable, infecte, qui, malgré leur endurance, fit se boucher le nez aux exécuteurs des hautes œuvres de Longeverne.

Ce salaud-là pétait comme un ronsin[1] ! Ah ! il se permettait de péter !

Migue la Lune balbutiait des syllabes inintelligibles, larmoyant et pleurnichant, la gorge secouée de sanglots. Mais quand, tous les boutons étant tranchés, le pantalon tomba et qu’on découvrit la source d’infection, on s’aperçut, en effet, que l’odeur pouvait perdurer avec tant de véhémence. Le malheureux avait fait dans sa culotte et ses maigres fesses conchiées répandaient tout alentour un parfum pénétrant et épouvantable, tant que, généreux quand même, le général Lebrac renonça aux coups de verge vengeurs et renvoya son prisonnier comme les autres, sans plus de dépens, heureux, au fond, et jubilant de cette punition naturelle infligée, par sa couardise, au plus sale guerrier que les Velrans comptaient dans leurs rangs de peigne-culs et de foireux.

  1. Étalon.