Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/45

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A Apollo, Muses, & Nymphes maintes,
Ne s’adonnantz qu’a toutes œuvres sainctes :
Là quand j’aurois bien au long veu son cours,
Je le lairrois faire appart ses discours :
Puis peu a peu de luy m’escarterois,
Et toute nue en l’eau me gecterois :
Mais je vouldrois lors quant, & quant avoir
Mon petit Luth accordé au debvoir,
Duquel ayant congneu, & pris le son,
J’entonnerois sur luy une chanson
Pour un peu veoir, quelz gestes il tiendroit :
Mais si vers moy il s’en venoit tout droict,
Je le lairrois hardyment approcher :
Et s’il vouloit, tant soit peu, me toucher,
Luy gecterois (pour le moins) ma main pleine
De la pure eau de la clere fontaine,
Luy gectant droict aux yeulx, ou a la face.
Ò qu’alors eust l’onde telle efficace
De le pouvoir en Acteon muer,
Non toutes fois pour le faire tuer,
Et devorera ses chiens, comme Cerf :
Mais que de moy se sentist estre serf,
Et serviteur transformé tellement,
Qu’ainsi cuydast en son entendement,
Tant que Dyane en eust sur moy envie,