Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/46

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De luy avoir sa puissance ravie.
Combien heureuse, & grande me dirois !
Certes Deesse estre me cuyderois.
Mais pour me veoir contente a mon desir,
Vouldrois je bien faire un tel desplaisir
A Apollo, & aussi a ses Muses
De les laisser privees, & confuses
D’un, qui les peult toutes servir a gré,
Et faire honneur a leur hault choeur sacré ?
Ostez, ostez, mes souhaitz, si hault poinct
D’avecques vous, il ne m’appartient point.
Laissez le aller les neuf Muses servir,
Sans se vouloir dessoubz moy asservir,
Soubz moy, qui suis sans grace, & sans merite.
Laissez le aller, qu’Apollo je ne irrite
Le remplissant de Deité profonde,
Pour contre moy susciter tout le Monde,
Lequel un iour par ses escriptz s’attend
D’estre avec moy & heureux, & content.


Si j’ayme cil, que je debvrois hayr,
Et hais celuy, que je devrois aymer,
Lon ne s’en doit autrement esbayr,
Et ne m’en deult aucun en rien blasmer.
Car de celuy le bien dois estimer,