Page:Pert - La Petite Cady.djvu/25

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— Ah ! qu’elle me prenne seulement ! murmura-t-elle avec une sorte d’ardente menace.

Et, incapable de patienter plus longtemps, elle se décida à poser le doigt sur le bouton électrique de l’entrée.

Le battant s’ouvrit. Une vieille femme examina la visiteuse, tandis qu’au bout de la galerie, comble de meubles, un valet de chambre promenait paresseuse- ment un ramasse-poussière.

— Vous désirez ?

Mlle Armande entra hardiment.

— J’ai rendez-vous ce matin avec Mme Cyprien Darquet.

La vieille bonne lui jeta un regard hostile.

— Ah ! c’est vous sans doute, qui venez pour être l’institutrice de Cady ?… Alors, c’est bon, attendez…

Et, sans cérémonie, elle fila.

Mlle Armande resta plantée au milieu de l’antichambre, envahie d’un sentiment d’intimidation causé par tout ce luxe.

Le domestique la heurta.

— Pardon ! fit-il en lui jetant un regard impertinent et déshabilleur.

Tout jeune, un faible duvet au coin de la lèvre, les cheveux très noirs, le nez relevé, les bajoues déjà grasses, c’était le type achevé du larbin de bonne maison.

Lorsqu’il repassa, il s’arrêta devant la jeune fille, le poing sur la hanche.

— Si vous attendez que la vieille vous annonce, vous poserez longtemps ! ricana-t-il.

Elle recula, interdite sous son regard.

— Vous croyez ?

— Pour sûr ! C’est elle qui a élevé la gosse et elle est furieuse qu’on la lui enlève. Tenez, passez-moi votre carton, je vas vous annoncer.

Mlle Armande feignit de se fouiller.

— Justement, je n’ai pas de carte sur moi, mur-