Page:Pert - La Petite Cady.djvu/26

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mura-t-elle rougissante, exaspérée par la mine gouailleuse et la familiarité du valet. Prévenez Mme Darquet que je suis la personne qu’elle attend…

— Mademoiselle qui ?

— Armande Poitrinaud.

Il partit d’un éclat de rire.

Arrondissant ses mains, il les approcha du buste un peu plat de la jeune fille et goguenarda :

— Rien menteur, par exemple !…

Elle bondit en arrière, cramoisie, outrée.

— Annoncez-moi immédiatement ! proféra-t-elle avec une dignité exagérée.

Le valet de chambre pirouetta.

— On y va, la belle brune…

Des larmes de rage humectaient les yeux flamboyants de l’institutrice.

— Laquais !… domestique, sale bête ! murmura-t-elle en piétinant le tapis avec colère.

Il était déjà revenu.

— Maria a été prévenir Madame.

Mlle Armande s’éloigna précipitamment.

— C’est bon.

Il fit un geste de voyou.

— Ah ! si Mademoiselle se fâche !…

Peu après, une femme de chambre très élégante souleva une portière.

— Si Mademoiselle veut venir, Madame la recevra. Armande tressaillit et s’élança avec une hâte maladroite dont elle se dépita aussitôt, et, sous l’attention ironique des deux domestiques, elle s’étudia à une démarche compassée et à une attitude dédaigneuse.

— Oh ! chérie ! murmura le valet de chambre en l’imitant comiquement.

Maria l’introduisit dans une pièce oblongue qu’éclairait un large vitrail polychrome.

Mme Darquet, déjà vêtue pour les courses en ville, écrivait à un bureau Empire.

Elle releva sa tête fine, casquée de savantes ondu-