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Les autres régions sont aussi à peu près toutes représentées par un certain nombre de mots. On rapporte àl’Ouest, écobuer ; au lyonnais, colis ; à la Suisse romane : grianneau, chalet, ranz (venu par cet intermédiaire de l’allemand) ; à la région jurassienne et bourguignonne : cluse, combe, gabegie ; à la Lorraine, boquillon, auquel il faut peut-être ajouter sabot, trôler ; au pays wallon, faille, gailleterie, houille, porion, luquer (d’où reluquer), kermesse(mot flamand), maroufle ( ?).

Les parlers de langue d’oc surtout ont fourni. Je citerai comme venus de là : amadouer, aubade, auberge, bâcler, badaud, bague, baladin, ballade, banquette, barrique, bastille, béret, bonbonne, bourrique, brancard, cabane, cabas, câble, cabrer, cabri, cabus, cadastre, cadet, caisse, cape, capeline, cargaison, carnassier, carnassière, caserne, charade, chavirer, ciboule, cigale, dame-jeanne, ébouriffer, escalier, escargot, espadrille, esquinter, estrade, farandole, fat, ficelle, ganse, gaver, gavotte, gouge, goujat, grégeois, magnanerie, narguer, panade, radeau, rôder, sabouler, vautour[1]

Et ces listes pourraient être de beaucoup allongées, si on y faisait figurer tous les mots dialectaux, même vraiment entrés dans l’usage général, qui ont été identifiés.

Il faut ajouter qu’un certain nombre de mots de même provenance ne sont pas encore localisés, tels cagoule, chafoin, étiquet, lie, pelouse, ratatouille, etc. ; qu’en outre, parmi les termes dont l’étymologie reste inconnue ou incertaine, pas mal doivent être venus des patois.

Enfin, et j’insiste sur cette observation, j’ai systématiquement écarté des exemples donnés plus haut les mots des vocabulaires spéciaux, encore que quelques-uns soient déjà universellement reçus : ainsi au vocabulaire maritime appartiennent non seulement arrioler, déraper, nègue-chien, peu connus du public, mais aussi cabestan, carguer, gabarit, gabier, etc., qui sont devenus familiers aux Français du Nord, et qui, cependant, sont provençaux.

J’en ai écarté aussi les termes de pêche, de chasse, les noms d’engins et les noms d’animaux ou de plantes, les mots de jardinage et même de cuisine, quoique bien des Français sachent ce

  1. Cadet, cagot, cacolet sont prorement béarnais ; chai, feuillard, sont bordelais, aubergine est catalan, picaillon (qui appartient presque à l’argot) savoyard.