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NOTICE

les sujets de Lascaris, dévoués à un souverain qui leur avoit conservé une patrie, méprisant un ambitieux qui n’étoit connu que par des défaites, montrèrent la plus grande ardeur contre les Musulmans. Le sultan fut vaincu, et Alexis, arrêté dans sa fuite, tomba au pouvoir de Lascaris. Relégué dans un monastère, il y termina, au milieu des chagrins de l’ambition trompée, une carrière qu’il n’avoit rendue fameuse que par ses crimes.

Jusqu’alors il n’avoit existé que des trèves passagères entre Henri et Lascaris. Dans les intervalles de ces suspensions d’armes, les deux États, presque aussi forts l’un que l’autre, n’étoient point parvenus à s’entamer, et les avantages long-temps balancés ne laissoient entrevoir aucun résultat définitif. Henri, toujours occupé du bonheur de ses peuples, résolut de faire une paix solide avec son rival. Les négociations eurent le succès qu’il désiroit. Il recouvra la Mysie jusqu’à Calame, qui dut rester inhabitée. Lascaris conserva Nicée, Pergame, Pruse et quelques autres villes considérables.

Bien avant d’être parvenu à conclure une paix générale, Henri s’étoit constamment appliqué à faire jouir ses sujets des avantages d’un gouvernement doux et modéré. Il rétablit la tranquillité, parvint à persuader aux vainqueurs qu’il étoit de leur intérêt de ménager les vaincus ; et, sous son règne, la réconciliation des deux peuples parut sincère. Ayant tout à redouter du voisinage de Lascaris, qui offroit sans cesse un asile et des secours aux mécontens, il fut assez heureux pour convaincre les Grecs qui lui étoient soumis que lui seul pouvoit les préserver des maux dont ils