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[1203] de la conqueste

se rendirent sans aucune resistance à la veuë de leur seigneur, et luy firent serment de fidélité. De là ils passérent à Corfou, où ils trouvérent l’armée desja logée devant la ville, les tentes et pavillons dressez, et les chevaux tirez hors des palandries pour les rafraischir. D’abord qu’ils apprirent que le fils de l’empereur de Constantinople estoit arrivé, les chevaliers et les soldats luy allérent au devant, y faisant conduire les chevaux de bataille, et le receurent avec grand honneur. Le prince fit tendre son pavillon au milieu du camp, et le marquis de Montferrat fit dresser le sien tout joignant, parce que le roy Philippes, qui avoit espousé la sœur du prince, le luy avoit fort recommandé et l’avoit mis en sa garde.

57. Ils sejournérent en cette isle l’espace de trois semaines, d’autant qu’elle estoit riche et abondante en toutes sortes de commoditez : durant lequel temps survint une fâcheuse disgrâce ; car une partie de ceux qui butoient à rompre le camp, et qui avoient tousjours esté contraires aux bons sentimens du reste de l’armée, consultérent ensemble, et dirent que cette entreprise leur sembloit trop longue et dangereuse, et qu’il valoit mieux demeurer en cette isle, et laisser partir les troupes sous la conduite des autres, pour ensuitte depécher vers le comte Gautier de Brienne qui tenoit alors Brandis[1], à ce qu’il leur envoyast des vaisseaux pour le pouvoir aller trouver. Je ne vous nommeray pas tous ceux de ce complot, mais seulement les principaux, qui furent :

58. Eudes le champenois de Champlite, Jacques

  1. Brandis : c’est la ville de Brindes, dans le royaume de Naples, occupée alors par Gautier, comte de Brienne.