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SUR VILLE-HARDOUIN

souverain à ce royaume qui n’existoit plus. Henri embrassa le parti de Richard, qui crut le récompenser en le nommant par la suite roi de Jérusalem ; mais il n’eut pas le temps de faire valoir ses droits à cette couronne : occupant un palais à Saint-Jean-d’Acre, dont les Croisés s’étoient emparés, il tomba d’une fenêtre et périt sur-le-champ.

Par cette mort, qui arriva en 1197, Thibaut III devint comte de Champagne et de Brie. Ce prince, âgé de vingt-deux ans, accorda toute sa confiance à Ville-Hardouin, qui, aussi fidèle à son seigneur qu’à son roi, sut, par ses conseils, entretenir entre eux la plus parfaite intelligence : la comtesse Blanche eut les mêmes sentimens pour le maréchal ; et l’on verra bientôt les services importans qu’il rendit à cette princesse.

La croisade entreprise par Philippe-Auguste n’avoit eu aucun succès ; mais l’on étoit loin d’attribuer la malheureuse issue de cette noble expédition au défaut de force et de courage des Croisés : on savoit que la mésintelligence qui n’avoit cessé de régner entre les rois de France et d’Angleterre en étoit la principale et unique cause. Quelques revers, dus aux mauvaises dispositions des chefs, avoient plutôt enflammé que refroidi l’enthousiasme des Chrétiens d’Occident. La prise de Saint-Jean-d’Acre et les brillans exploits du roi Richard suffisoient pour leur montrer que les Sarrasins n’étoient pas invincibles. L’annonce d’une nouvelle croisade ne pouvoit donc être accueillie qu’avec transport.

Ce fut dans cette circonstance que Foulques, curé de Neuilly, et le cardinal de Capoue, légat du pape