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[1207] de la conqueste

donnât l’assaut à Cibotos, ceux de dedans seroient sans doute ou tuez, ou faits prisonniers ; il resolut d’aller combattre l’armée de mer, et commanda de voguer droit à eux tout d’un front, chacun armé de ses armes, le casque en teste. Les ennemis, qui estoient sur le point de donner l’assaut, les ayans découverts et reconnu que c’estoit du secours, quittérent le chasteau, et s’en vinrent droit à eux, tant gens de pied que de cheval, sur le rivage. Mais comme ils virent que l’Empereur ne laissoit d’avancer, ils recueillirent dans leurs vaisseaux tous ceux qui estoient sur la greve pour en estre secourus par leurs fléches et leurs dards dans le combat. L’Empereur avec seulement dix-sept vaisseaux les tint quelque temps acculez, tant que les cris furent entendus de ceux qui estoient partis de Constantinople pour le joindre. Et avant que le jour finit il en arriva tant qu’ils demeurérent maistres de la mer. Toute la nuit ils se tinrent, en armes à l’ancre, en resolution, si tôt que le jour commenceroit à poindre, de les aller combattre sur le rivage, et de leur enlever, s’ils pouvoient, leurs vaisseaux : mais quand ce vint vers la minuit, les Grecs les retirérent tous en terre, et y mirent le feu, et les ayans brûlez délogérent et s’enfuirent.

244. L’empereur Henry et tous les siens, joyeux de cette victoire que Dieu leur avoit donnée, et d’avoir secouru les leurs, vinrent sur le matin au chasteau de Cibotos, où ils les trouvérent pour la pluspart malades et blessez. Ils y considerérent pareillement l’estat de la place, et ayans reconnu qu’elle estoit trop foible pour la pouvoir conserver, ils l’abandonnérent, et recueillirent tous leurs gens dans leurs