Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
436
[1207] de la conqueste

vaisseaux. D’autre costé le roy de Bulgarie, qui siegeoit Andrinople, ne chomoit pas, continuant tousjours à battre la place avec ses machines, qu’il avoit en grand nombre, et avec lesquelles il avoit desja fort endommagé les tours et les remparts. Il avoit encore fait attacher ses mineurs au pied des murailles pour les sapper, y donnant plusieurs assauts, où ceux de dedans, tant les Grecs que les Latins, se comportérent genereusement, et avec beaucoup de vigueur, envoyans souvent vers l’Empereur pour avoir du secours, et luy faisans entendre que s’il ne leur en envoyoit promptement ils estoient tous perdus. Mais l’Empereur estoit tellement accablé qu’il ne sçavoit à quoy se resoudre, Theodore Lascaris l’occupant au delà du bras dans la Natolie, en sorte qu’il ne pouvoit quitter ce pays-là et passer dans la Thrace, sans laisser ses gens en grand peril, et qu’il se trouvoit obligé, lorsqu’il pensoit aller vers ceux d’Andrinople, de rebrousser chemin en arriére pour assister ceux-cy. Cependant le Bulgare avoit esté devant Andrinople jusques au mois d’avril, et estoit à la veille de la prendre, y ayant fait bréche en deux endroits, et renversé de grands pans de murailles et de tours ; de façon qu’on pouvoit desormais venir aux mains à coups d’espées et de lances avec ceux de dedans. Il y donna aussi de grands assauts que les assiegez soutinrent bravement, repoussans les ennemis, y ayant eu grand nombre de morts et de blessez de part et d’autre. Mais il arriva par la providence de Dieu, qui dispose de toutes les choses de ce monde comme il luy plaist, que les Comains qui avoient couru jusques prés de Constantinople, et y avoient fait de