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SUR VILLE-HARDOUIN

nion si long-temps désirée de l’Église de Constantinople avec l’Église de Rome. Les mécontens persistèrent dans leur opposition, et l’armée éprouva une défection considérable.

L’ordre de mettre à la voile fut donné le 7 avril 1203. La flotte, partagée en deux divisions, dont l’une portoit les Français, l’autre les Italiens, dut prendre des routes différentes ; le rendez-vous général fut indiqué à Corfou, qui faisoit partie de l’Empire grec. Les Français partirent les premiers ; le doge et le marquis de Montferrat alloient s’embarquer lorsque les vaisseaux du jeune Alexis entrèrent dans le port. Ce prince fut reçu comme l’héritier légitime de l’Empire ; et, montrant la reconnoissance la plus vive pour ceux qui embrassoient sa défense, il leur fit les plus belles promesses. Quelques jours s’étant passés en conférences, la flotte vénitienne cingla vers Durazzo, première ville grecque, place très importante et long-temps disputée par les empereurs et les princes normands. Les habitans n’ayant fait aucune résistance, le jeune Alexis y fut reconnu, ce qui parut d’un heureux présage pour l’entreprise. Après s’être assurés de la soumission de Durazzo, les Vénitiens et le prince grec firent voile pour Corfou.

Les Français y étoient déjà arrivés, et leur débarquement n’avoit éprouvé aucun obstacle. Ils disposèrent les habitans à recevoir le jeune Alexis, et quand ce prince arriva avec les Vénitiens, il fut accueilli par des transports de joie. On lui rendit tous les honneurs dus au fils de l’empereur régnant, et l’on parut renoncer sincèrement à la domination de l’usur-