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décadence

tecôte de l’année 1225 il prend la couronne, rend des édits, fait des chevaliers. Dans ses différens voyages il étoit vêtu à la grecque, portoit la pourpre, et se faisoit précéder par une croix.

Cette révolution, qui se faisoit si rapidement, effrayoit beaucoup la comtesse Jeanne qui n’avoit plus que la ville du Quesnoy, lieu de sa résidence. Elle implora l’assistance de Louis viii son seigneur, qui chargea de l’aider, dans cette circonstance difficile, Matthieu de Montmorency, Michel de Harmes, et Thomas de Lemprenesse.

Rassurée par ces trois seigneurs elle pria son prétendu père de venir la trouver au Quesnoy, afin qu’elle pût le reconnoître : il s’y refusa, prétendant qu’il avoit tout à craindre d’une fille dénaturée ; et ce refus, loin de le discréditer, augmenta le nombre de ses partisans. Le danger de la comtesse devenoit très-pressant, lorsqu’un franciscain, qui n’avoit pas quitté l’empereur Baudouin, vint la trouver. Il lui raconte tous les détails de la mort de son père, dont il assure avoir été témoin ; par l’ordre de Jeanne, il réunit plusieurs personnes qui s’étoient trouvées à la bataille d’Andrinople, et va trouver l’évêque de Senlis, qui le présente à Louis viii : le Roi, convaincu de l’imposture de l’hermite, lui fait dire de se rendre à Péronne.

Le faux Baudouin n’osa se refuser à une invitation si formelle : il courut le risque d’être confondu, dans la crainte de perdre ses partisans de bonne foi. Admis devant Louis viii, il recommença le récit de ses prétendues infortunes ; le Roi, sans chercher à le contredire, lui fit quelques questions fort simples auxquelles il se seroit sans doute préparé, s’il avoit eu quelque