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NOTICE

Isaac. Quelques seigneurs se mettent à leur tête, vont le délivrer, le revêtent des ornemens impériaux, et le conduisent en grande pompe au palais où étoit encore Euphrosyne : ils arrêtent celle-ci, et la mènent dans la même prison que vient de quitter celui qui désormais va régner. La tranquillité paroît se rétablir ; et cette révolution donne au grand trésorier un crédit qui le met dans le cas d’en essayer bientôt une nouvelle.

Isaac, privé de la vue, se croit en état de gouverner un grand empire. Sa jeune épouse, Marguerite de Hongrie, belle-mère du prince Alexis, sort de sa retraite, reparoît à la Cour, et toutes les femmes qui avoient été attachées à Euphrosyne s’empressent de former sa maison. Une autre princesse du même âge, aussi belle, et dont la destinée est encore plus singulière, brille en même temps dans cette Cour, après en avoir été long-temps éloignée. Agnès de France, sœur de Philippe-Auguste, veuve à dix ans du jeune Alexis Comnène, forcée d’épouser le vieil Andronic son assassin, témoin ensuite de la chute et du supplice de ce tyran, épargnée dans ces horribles crises par une espèce de miracle, paroît à côté de l’Impératrice régnante, et partage avec elle les hommages des courtisans.

Les Croisés, renfermés dans leur camp, et se disposant à une nouvelle attaque, ignoroient entièrement ce qui se passoit dans la ville. Bientôt ils virent arriver des ambassadeurs d’Isaac, qui leur annoncèrent la révolution, et qui, de sa part, demandèrent le prince Alexis. Les Croisés, frappés d’étonnement, et fort satisfaits de ce que cette guerre, qu’ils étoient