Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 11.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neuf ans, eut pour tuteur Jean II de la Clite, son cousin-germain. Sleidan, qui a publié en 1548 une traduction latine de ses Mémoires, nous a transmis sur lui quelques particularités qu’il tenoit de Matthieu d’Arras, qui avoit connu familierement et servi Philippe de Comines. Il étoit, dit-il, beau personnage, et de haute stature ; il parloit assez bien italien, allemand et espagnol, mais il ne savoit pas le latin, et s’en plaignoit souvent ; il aimoit les livres d’histoire, et surtout ceux qui traitoient de l’histoire romaine ; il recherchoit la conversation des étrangers ; sa mémoire étoit prodigieuse ; il n’étoit jamais oisif, et savoit bien régler l’emploi de son temps. Ces détails, qui sont les seuls authentiques que nous ayons pu découvrir, ne s’appliquent pas rigoureusement à la jeunesse de Philippe de Comines, mais ils peuvent donner une idée de l’éducation qu’il reçut, et des dispositions naturelles de son esprit ; car, si dans un âge plus avancé il témoigna un vif regret de ne pas savoir le latin, et ne put se résoudre à l’apprendre, on doit en conclure que les langues italienne, allemande et espagnole firent partie de ses premières études[1]. Et il ne faut pas perdre de vue que si la connoissance de ces dernières langues pouvoit lui être d’un grand avantage pour les négociations dont il étoit chargé, le latin lui auroit été encore plus utile, parce qu’on s’en servoit alors pour la plupart des actes publics. On doit encore faire remarquer qu’il eut néces-

  1. Cependant Paquot, dans ses Mémoires pour servir à l’Histoire littéraire des Pays-Bas, prétend que Comines fut élevé avec beaucoup de négligence, suivant l’usage de la noblesse du temps ; mais il ne cite aucune autorité à l’appui de cette opinion.