Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Beduns ne croient mye en Mahommet, comme font les Turcs : mais ilz croient en la loy Hely, qu’ilz disent estre oncle de Mahommet, et se tiennent en montaignes et desers. Et ont en creance que quant l’un d’eulx meurt pour son seigneur, ou autre quelque bonne intention, que son ame va en ung autre meilleur corps, et est à plus grand aise que devant. Et pour ce, ne font compte de mourir pour le commandement de leurs anciens et superieurs. Ces Beduns ne demeurent ne en ville ne en cité, mais gisent tousjours aux champs et en desers. Et quant il fait mauvais temps, eulx, leurs femmes et enfans fichent en terre une façon de habitacle qui est fait de tonnes et de cercles liez à des perches, ainsi que font les femmes à seicher les buées : et sur ces cercles et perches gectent des peaux de grans moutons qu’ilz ont, que on appelle peaux de Somas, courroyées en alun. Et les Beduns mesmes ont grans pelices, qui sont à grant poil, qui leur couvrent tout le corps. Et quant ce vient le soir, ou qu’il fait mal temps, ilz s’encloent et retirent en leurs pelices ; et ont leurs chevaulx ceulx qui suivent les guerres, la nuyt pessans emprés eulx, et ne leur font que ouster les brides et les lesser pestre. Puis le landemain ilz estandent leurs pelices au souleil, et les froutent quant sont seiches, et ne pert point qu’elles ayent esté mouïllées. Ceulx qui suyvent les guerres ne sont jamés armez, parce qu’ils dient et croient que nul ne peut mourir que à son jour. Et pourtant ont-ilz entr’eux ceste façon, que quant ilz mauldient leurs enfans ilz leur disent : « Tu sois mauldit comme celui qui se arme de paeur de mort. » En bataille ne portent-