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TABLEAU

de ses succès, fut défendue avec le plus grand courage par Simon de Joinville, sénéchal de Champagne, père de l’auteur des Mémoires.

Blanche et son fils, âgé de quinze ans, volèrent au secours de Thibaut. Le jeune Roi paroissoit à la tête des troupes, faisoit sous les yeux de sa mère l’apprentissage de la guerre, et gagnoit l’amour des soldats, par sa valeur précoce autant que par son affabilité. Avant de commencer sérieusement les hostilités, Blanche envoya, de la part du Roi, l’ordre aux seigneurs d’évacuer la Champagne. Ils répondirent d’abord avec insolence, et reprochèrent à la Reine d’être protectrice du meurtrier de son époux : ensuite ils supplièrent le Roi de se retirer, et de ne pas s’exposer dans une guerre où il n’avoit aucun intérêt. Ils offrirent, pour épargner le sang, et pour vider promptement la querelle, de se battre contre Thibaut avec une armée moins nombreuse que la sienne. Le Roi rejeta lui-même toutes ces propositions : il répondit avec une fermeté bien au-dessus de son âge, qu’il ne pouvoit abandonner un vassal opprimé ; que, d’après les lois du royaume, son devoir étoit de le secourir, et qu’il ne vouloit pas être spectateur inactif d’un combat. Cette noble réponse montra tout ce que devoit être saint Louis.

La Régente avoit pris des mesures plus efficaces que les armes pour dissoudre la ligue. Plusieurs seigneurs en furent détachés par sa seule présence ; d’autres furent gagnés, et le plus redoutable de tous se trouva forcé de l’abandonner pour aller défendre ses propres États. Le comte de Boulogne avoit contribué à prolonger la prison du comte Ferrand qui devoit sa dé-