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SUR DU GUESCLIN.

lice, et la mêlée recommença de part et d’autre avec plus de chaleur : le Anglois les surpassoient en nombre ; la présence de leur general leur tenant lieu de tout, les faisoit combattre avec un courage invincible. Bertrand, qui veilloit à tout et couroit par tout, leur crioit de frapper à grands coups de sabres, de haches et de marteaux de fer pour assommer leurs ennemis, dont ils ne pouvoient percer les corps avec leurs épées, parce que les armes dont ils étoient couverts en rebouchoient la pointe. Les François s’acharnans à suivre exactement cet ordre, renversoient par terre tous les Anglois qu’ils pouvoient atteindre, et dechargeoient sur eux de si grands coups, qu’ils leur faisoient plier les genoux. Cet effort qu’ils firent sur les premiers rangs, fit bientôt reculer les seconds. Bertrand voyant que ce jeu de main faisoit tout l’effet qu’il en attendoit, fit avancer aussitôt les deux ailes de son armée, qui, faisans la même manœuvre, abbattoient têtes, bras, épaules et jambes sur le pré. Leurs haches enfonceoient le casque des Anglois dans leur tête, et crioient en signe de victoire : Montfoye Saint Denis ! Leurs ennemis faisoient les derniers efforts pour se rallier, mais ils ne leur en donnoient pas le loisir à force de les charpenter et de les hacher comme des beufs. Toutte la campagne étoit affreuse à voir, étant toutte couverte de têtes, de bras, de casques renversez, et tout ensanglantez, et d’épées rompuës. Ce pitoyable objet donna tant de terreur aux Anglois, qu’ils ne rendirent presque plus de combat. Chacun d’eux chercha pour lors à se garantir de la mort par la fuite. Jaconnel, au desespoir de voir la déroute des siens qui s’ouvroient,