Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 5.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
SUR DU GUESCLIN.

trahy pour suivre le party de Pierre, sur qui la malédiction de Dieu venoit de tomber avec tant de justice. Henry cependant n’avoit rien plus à cœur que de terminer cette grande affaire par la mort de son ennemy. C’est la confidence qu’il fît à Bertrand, au Besque de Vilaines et à tous les autres generaux, que toutte cette victoire, quelque glorieuse qu’elle fût, ne luy donneroit pas une entiere satisfaction tandis que Pierre seroit encore en vie. L’incertitude dans laquelle ils étoient tous du lieu de sa retraite, les tint en balance assez longtemps, ne sçachans quelle route prendre pour le chercher et le trouver, quand un avanturier les tira de peine, en leur apprenant que ce malheureux prince étoit entré dans Montiel[1], à la tête de quatre cens hommes, et qu’il s’étoit enfermé dans cette place dans le dessein de s’y bien defendre.

Cette nouvelle leur donna l’esperance de l’envelopper là dedans comme dans un filet. Ce fut la raison pour laquelle Henry, par le conseil de Bertrand, fit publier par toutte son armée que chacun le suivît, sous peine de la vie, sans partager les dépoüilles et le butin qu’on avoit fait, jusqu’à ce qu’on eût pris le château

  1. Le Bègue de Vilaines s’étant apperçu le premier de la fuite de Pierre, le suivit de si près qu’il le contraignit de se jetter dans le château de Montiel… de Vilaines en courant l’avoit toûjours observé de l’œil, de maniere qu’ayant remarqué que le gros de poussière qu’il faisoit eu fuiant tournoit vers ce château, il jugea qu’il y étoit entré. Il pousse jusqu’à la porte ; mais l’ayant trouvée fermée, il mit son fils devant avec quatre cents chevaux ; et lui avec sa cavalerie investit la place de tous côtés…

    Cette fameuse bataille, dite la bataille de Montiel, se donna le 13 août 1368. (Du Chaslelet, p. 166, 167.)