Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/124

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protection. Elle leur fut accordée par le cardinal Mazarin, qui, après avoir été leur courtisan, eut le plaisir de les voir à sa porte lui faire la cour à leur tour. Leur grandeur fut soumise à la sienne : rien n’est permanent sous le ciel.

La campagne du duc d’Enghien augmenta sa réputation d’une gloire éclatante, et il donna un combat à Fribourg qui doit tenir une grande place dans l’histoire ; mais comme le hasard voulut alors que je n’en remarquasse pas les particularités, et que je n’en ai rien trouvé dans mes premiers brouillons, je n’en puis dire davantage. Monsieur, dans cette même année [1644], commanda une belle armée qui, sous ses ordres, fut avantageusement employée au service du Roi. La même raison qui me fait taire sur le duc d’Enghien me fait taire sur ce prince ; et je m’en rapporte à ce que les auteurs écriront. Tous deux, sur la fin de la campagne, revinrent trouver la Reine à Fontainebleau, comme elle étoit près de retourner à Paris commencer son hiver. Elle les reçut avec joie, et le temps qu’ils y demeurèrent elle prit plaisir de les divertir autant qu’il lui fut possible. Leur union paroissoit être aussi grande qu’elle le peut être parmi des princes qui ne font pas profession de sincérité ; et l’état où étoit la cour sembloit nous présager une paix éternelle.

Isabelle de France, reine d’Espagne, mourut vers le commencement de l’hiver, digne fille de Henri-le-Grand, et très-digne de l’estime que l’Europe avoit pour elle. Elle fut regrettée dans toute son étendue, et ses peuples, qui avoient une grande vénération pour elle, en furent affligés. Le Roi son mari ne l’a-