Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/40

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Il arriva cependant une aventure qui démêla toutes les intrigues de la cour, et qui fut cause que le cardinal Mazarin se vit bientôt après parfaitement établi dans l’élévation et la puissance qu’il désiroit d’avoir. Ce fut une providence de Dieu toute particulière qui fit que les mêmes choses dont les brouillons voulurent se servir pour renverser la cour furent ce qui la régla, aux dépens néanmoins de beaucoup d’honnêtes gens ; mais, de tant d’événemens extraordinaires, il s’en faut rapporter à cette cause première qui veut le bien et permet le mal, soit pour notre récompense, soit pour notre punition. Les dames sont d’ordinaire les premières causes des plus grands renversemens des États ; et les guerres, qui ruinent les royaumes et les empires, ne procèdent presque jamais que des effets que produisent ou leur beauté ou leur malice. La duchesse de Montbazon, qui a tenu dans notre siècle le premier rang de la beauté et de la galanterie, étant belle-mère de la duchesse de Chevreuse, étoit aussi bien qu’elle de la cabale des Vendômes, non tant par l’intérêt de sa belle-fille que parce que le duc de Beaufort étoit amoureux d’elle. Par conséquent ces dames étoient opposées à madame la princesse qui n’aimoit ni l’une ni l’autre, et qui, selon ce que j’ai dit, favorisoit le cardinal Mazarin, par la haine qu’elle avoit contre le garde des sceaux de Châteauneuf. Outre ces différens intérêts, il y en avoit encore un fort grand entre madame de Longueville, fille de madame la princesse, et la duchesse de Montbazon. Cette belle demoiselle de Bourbon, forcée par M. le prince son père, avoit épousé le duc de Longueville, qui étoit le plus grand seigneur qu’elle pût épouser, à