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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

ger que cette considération toute seule seroit capable de me donner de l’impatience pour sortir de la faction, quand il n’y en auroit pas eu mille autres qui m’en faisoient naître le dégoût à chaque instant. Que pour ce qui étoit du cardinalat, qui lui pouvoit faire quelque ombrage, je lui allais découvrir avec sincérité quels avoient été et quels étoient encore mes mouvemens sur cette dignité ; que je m’étois mis follement dans la tête qu’il seroit plus glorieux de l’abattre que de la posséder ; qu’il n’ignoroit pas que j’avois fait paroître quelques étincelles de cette vision dans les occasions que M. d’Agen m’en avoit guéri en me faisant voir par de bonnes raisons qu’elle n’avoit jamais réussi à ceux qui l’avoient eue ; que cette circonstance lui faisoit au moins connoître que l’avidité pour la pourpre n’avoit pas été grande en moi, même dès mes plus jeunes années ; qu’elle y étoit encore assez médiocre que j’étois persuadé qu’il étoit assez difficile qu’elle manquât dans les temps à un archevêque de Paris ; mais que je l’étois encore davantage que la facilité qu’il auroit à l’obtenir dans les formes, et par les actions purement de sa profession lui feroit tourner à honte les autres moyens qu’il emploieroit pour se la procurer que je serois au désespoir qu’il y eût sur ma pourpre une seule goutte du sang qui avoit été répandu dans la guerre civile, et que j’étois résolu de sortir absolument de tout ce qui s’appelle, intrigue, avant que de faire ni de souffrir un pas qui y eût le moindre rapport qu’il savoit que par la même raison je ne voulois ni argent ni abbaye et qu’ainsi j’étois engagé, par les déclarations publiques que j’avois faites sur tous ces chefs, à servir la Reine sans in-