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[1650] MÉMOIRES

térêt ; que le seul intérêt qui me tenoit en cette disposition étoit de finir avec honneur et de rentrer dans les emplois purement spirituels de ma profession, mais avec sûreté ; que je ne lui demandois pour cet effet que l’accomplissement de ce qui étoit encore plus du service du Roi que de mon avantage particulier qu’il savoit que dès le lendemain que M. le prince fut arrêté il m’avoit fait porter aux rentiers telles et telles paroles, et que je voyois qu’au préjudice due ces paroles on affectoit tout ce qui pouvoit persuader à ces gens-là que j’agissois de concert avec la cour, pour les tromper que j’étois averti que Ondedei avoit dit à certaine heure, chez M. Dempus, que le pauvre M. le cardinal avoit failli se laisser surprendre par M. le coadjuteur mais qu’on lui avoit bien ouvert les yeux et qu’on me tailloit une besogne à laquelle je ne m’attendois pas ; que je ne doutois point que l’accès que j’avois auprès de Monsieur ne lui fit peine mais qu’il devoit être informé que je ne l’avois recherché en aucune façon, et que j’en voyois les inconvéniens. Je m’étendis beaucoup en cet endroit, qui est le plus difficile à comprendre pour un homme de cabinet ces sortes de gens-là en sont toujours si entêtés que l’expérience même ne leur peut ôter de l’imagination que toute la considération n’y consiste. La conversation dura depuis trois heures après midi jusqu’à dix heures du soir, et je ne dis pas un mot dont je me puisse repentir à l’heure de la mort. La vérité jette, lorsqu’elle est arrivée à un certain point, une sorte d’éclat auquel on ne peut plus résister : mais je n’ai jamais vu d’homme qui fit si peu d’état de la vérité que Mazarin. Elle le toucha pourtant en