Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
[1649] MÉMOIRES

et je tiendrai le même langage peut-être que notre fermeté donnera plus de force que nous ne croyons au parlement. Si cela n’arrive pas, agréez que je cherche à sauver ma maison par les accommodemens, qui ne sauroient être fort bons en l’état où sont les choses, mais qui pourront le devenir avec le temps. »

Je n’ai guère eu en ma vie de plus sensible joie que celle que je reçus à cet instant. Je répondis à M. de Bouillon que j’avois tant d’impatience de lui faire connoître à quel point j’étois son serviteur, que je ne pouvois m’empêcher de manquer même au respect que je devois à M. de Beaufort., en prenant la parole avant lui pour l’assurer qu’en mon particulier je lui rendrois toutes les paroles d’engagemens qu’il avoit pris avec moi, et que je lui donnois de plus la mienne que je ferois pour faciliter son accommodement tout ce qu’il lui plairoit ; qu’il pouvoit se servir de moi et de mon nom pour donner à la cour toutes les offres qui lui pourroient être bonnes ; et que comme dans le fond je ne voulois pas m’accommoder avec Mazarin, je le ren dois maître de toutes les apparences de ma conduite, dont il se pourroit servir pour ses avantages.

M. de Beaufort, dont le naturel étoit de renchérir toujours sur celui qui avoit parlé le dernier, lui sacrifia en même temps avec emphase tous les intérêts passés, présens et à venir de la maison de Vendôme. Le maréchal de La Mothe lui fit son compliment, et le président de Bellièvre lui fit son éloge. Nous convînmes en un quart-d’heure de tous nos faits. M. de Bouillon se chargea de faire agréer aux Espagnols